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L’ÉDUCATION DES PARENTS

de vous poser des questions sur ce corps, et l’important, c’est qu’il ne vous interrogera plus sous l’impulsion d’une curiosité malsaine, mais bien par besoin de mieux comprendre l’ordonnance du monde, je veux dire l’œuvre de Dieu !

Je voulais rester bien élevé ; je me retenais pour ne pas me frotter les mains, et crier ma joie. Je me contentai d’applaudir avec les mères, et surtout les abbés, qui, visiblement passionnés, rendaient un vigoureux hommage à ce pasteur véhément.

— Ah ! me disais-je, si on pouvait apercevoir la bobine de la pastoresse Bleakok !

Mais ce n’est pas elle qui se présenta sur l’estrade : ce fut une mère de famille. Elle tenait à remercier le Congrès et « l’Oasis » de tant de fins conseils, d’une propagande si avertie, et venait faire savoir aux mères assemblées les premiers résultats merveilleux d’une initiation personnelle. Petite boulotte aux yeux ronds, aux seins ronds, au ventre rond, elle agitait de petites pattes de taupe, et clamait avec une vanité déconcertante :

— Mesdames, je m’en suis tirée par la botanique ! J’ai expliqué la reproduction chez les fleurs ; puis j’ai dit : « Maintenant, réfléchis : la Nature, dans le règne animal, comme dans le végétal, veut impérieusement la continuation des espèces. » C’est tout :