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CHRONIQUE D’UN TEMPS TROUBLÉ

Le Pasteur continua de tonner. Il proclama nécessaire l’éducation de la pureté : l’homme doit se réserver pour le mariage, où il connaîtra l’amour dans sa plénitude. Brusquement, M. le Pasteur devint doux ; sa voix se mouilla ; on entendit :

— Car ce que je viens de dire ne va pas du tout à l’encontre d’un certain plaisir légitime, conforme au plan du Bon Dieu, qui a voulu que les sens, pourvu qu’on en use avec modération, soient une juste cause de joies méritées !

Le bonheur se répandit dans la salle sur cette déclaration. Presque un avant-goût de la volupté. Je ne me contenais plus d’aise.

Mais M. le Pasteur ayant repris sa voix forte, expliquait comme on doit initier l’enfant pubère.

— Vous le prendrez et lui direz : « Tu es au monde : sais-tu comment ? Je ne veux pas que tu l’apprennes d’un autre. Mon petit, suis-moi bien. Dieu est le maître de la vie. C’est lui qui fait naître les enfants… avec la collaboration des créatures. Dans ton cas, c’est la mère et moi que Dieu convia à collaborer. Pour qu’un enfant puisse naître, il faut qu’un homme et une femme prêtent au Bon Dieu leur cœur et leur corps, tu m’entends bien, leur corps ! » En parlant de la sorte, vous offrez à l’enfant l’occasion