Page:René Benjamin - Chronique d’un temps troublé, 1938.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
CHRONIQUE D’UN TEMPS TROUBLÉ

forte. Du fait que les Allemands travaillent ensemble et se distraient en commun, ils n’abandonnent jamais le sentiment national, et se trouvent ainsi d’accord sur tout. Ne croyez pas que nous nous soyons diminués en chassant les juifs. Il n’y a sur eux dans le pays qu’une pensée : on s’est débarrassé d’une vermine ! De même avec l’Église il n’y a pas de lutte tendancieuse. C’est elle qui a commencé. Et tout le peuple le sait bien ! Jusqu’en 1933, l’Église a refusé de nous enterrer religieusement. Pas un national-socialiste n’était admis dans la maison de Dieu ! Pourquoi ? Hitler avait reconnu que Dieu est le grand Directeur de l’humanité ! La preuve, c’est que le dimanche, on conduit encore à la messe les soldats qui le désirent. Mais l’Église n’a pas voulu de nous. Est-ce à nous de vouloir d’elle ? Voilà le raisonnement national. La nation sait très bien que nous la défendons contre ce qui la menace, Juifs, Église, bolchevisme. Et au contraire, que nous tendons la main à qui nous aime, l’Autriche. Vous vous énervez au sujet de l’Autriche… et de l’Anschluss ? Je vous avertis qu’il y a longtemps qu’il est fait ! Vous croyez le prévoir, l’attendez, le guettez. Mais ce n’est pas de l’avenir… c’est du passé déjà ! Réfléchissez, je vous prie. Est-ce que l’Autriche peut vivre toute seule ? Et Hitler n’est pas Autrichien ? Notre mouve-