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maison maintenant. Quand on lave l’enfant, ou qu’on l’habille, ou qu’on le fait marcher, ou qu’il joue tout seul à terre sur une couverture, ou bien que Trinette et ma tante le prennent ou se le passent, il faut qu’on voie tout, et ça me dégoûte, moi, à la fin. Toujours le derrière de l’enfant à toute heure du jour. Et mon oncle aussi a commencé à grogner, parce que Trinette veut quand même servir à table en gardant l’enfant sur son bras, qu’elle l’assied le chose tout nu sur sa main et qu’on voit tout.

Ci n’est rin èdon surmint, qu’elle dit toujours, quand c’est d’on p’tit èfant on n’louque nin… on fait les qwances di rin.

Mais mon oncle a fait une grosse voix et il a dit d’un air sintincieux :

On cou est on cou, et il m’plaît d’avu çoula fou d’mes ouyes quand ji magne !

Il a raison que je trouve, moi. Alors on a été dans le grenier retrouver un vieux gadot.

Et on le met dedans, enfoncé jusqu’en dessous des bras. Alors il remue ses pieds et il fait avancer le gadot d’un côté ou l’autre, mais il ne sait jamais d’avance lequel. Il a sur sa tête un bourrelet de paille avec un petit bleu ruban. C’est pour qu’il ne se fasse pas des boursais quand il va à stok avec sa tête contre quelque chose, ou bien quand il se donne des coups, par en exprès, avec les objets qu’il attrape. Et maintenant il parle tout le temps, tout seul, des mots qu’on ne comprend pas, comme un homme saoûl, qui grogne pour lui tout seul.