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che de mon porte-plume que je hagne aussi quelquefois pour m’amuser. De temps en temps, j’attrape tout de même une bonne, une cuisse-madame ou bien une crâsse peure ; mais les quôtes et les peures de gros Gilot, gn’a rien de plus mauvais.

Elles sont todi bonnes assez po fer del sirope, qu’ils disent tout le temps quand ils trouvent une pomme qu’a été justement tomber dans un chose de vache, ou bien une poire que les poules ont bechti de tous les côtés en courant avec. Alors moi je venais de mettre avec dans le banstai le turchon d’une belle pomme Braibant que je venais de manger et qui restait encore tout plein du bon dessus ; mais ma tante a jeté le turchon bien loin toute dégoûtée en m’appelant affronté jubet ! vormint. Pourquoi donc ? Le turchon était encore bon assez pour faire de la sirope. Il y en a un tonneau tout plein, dans le colidor, de la sirope.

Quand je lève le pesant couvercle de bois, je vois que ça reluit au fond comme quand je regarde dans le puits. Et même quand la sirope est bien tranquille, je vois mon portrait dedans. Mais c’est fort noir, et puis ce n’est pas pour cela que je viens ôter le couvercle du tonneau à la sirope, c’est pour en happer un peu avec mon doigt.