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quand le curé prêche dans sa pirlôdje. Et bien des jours après, ma tante embête mon oncle en répétant tout le temps : « mi soroche Bietmé a dit ainsi » ou bien « ci n’est nin comme çoula qui m’soroche Bietmé a consi ! » alors mon oncle finit par devenir si fâché qu’il crie : Hagn’mu è...pi, avou t'soroche Bietmé ! Et justement ce dimanche-là mon parrain, parlant sur ce qui est haîti et pas haîti, et il avait dit :

— Gn’a rin d’meyeux et d’pu haîti qu’tne bonne foete sirope !

Alors moi, bien vite, j’en demande, est-ce pas, quand je vois que ma tante me faisait ma tartine et allait étendre de la compote dessus, pendant que mon parrain continuait à expliquer ce qui est haîti.

Mais elle m’a donné un petit coup sur la tête avec le manche du couteau pour me faire taire et elle a dit fort vite :

— On n’magne nin del sirope à l'nute, sur le temps que son soroche Bietmé me regardait sévèrement, en faisant des plis autour de sa bouche, comme le maître d’école.

Et voilà que je ne saurai jamais pourquoi on ne mange pas de la sirope le soir, jusqu’à ce que je sois grand pour lire ça dans des gros livres et peut-être aller une fois à Bruxelles comme mon parrain.

Maintenant, je retourne dans la maison avec Trinette, qui porte la manne vide par une oreille et moi par l’autre, et je tire pour