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de pieds sont sprâchis ensemble ; ils me semblent si pesants, mes nouveaux souliers, et les talons font tellement du bruit ! Mon gilet avec une blouque derrière, comme un homme et seulement deux boutons devant tellement qu’il est décolleté. Et j’ai bon, parce que c’est un vrai gilet et pas un qui a des boutons dans le dos comme dans mes vieux pantalons à tape-cou, que je ne veux plus en mettre, ça c’est bon pour les ceux qui savent pas se ratenir un peu quand ils ont besoin et qui ne pourraient pas se rhabiller tout seuls quand ils ont été quelque part.

Mon paletot, c’est comme la fraque de M. le borguimaisse quand il porte le barnaquin à la procession, mais qu’on lui aurait coupé les lamequennes. Il vient juste à la taille et, derrière, ça fait une petite pointe pour le tirer pour qu’il aille bien dans le dos.

Le plus beau, c’est encore mon chapeau, savez-vous. Une belle petite demi-buse pas plus haute que ça et reluisante comme la stoufe quand on l’a huré le samedi. Je le mets sur ma tête et je fais des saluts avec, comme les vrais monsieurs et Trinette a si bon qu’elle joint ses mains et crie :

Hie, dai mon Diu, qu’est gaye ainsi. Djan, on l’magn’reut. Vinez cial, mi p’tit homme, qui ji v’rabresse.

Et elle veut le faire. Allait ! Puf ! il n’me plaît pas, moi. Et d’abord, le gros vicaire a encore dit l’autre jour, au catéchisse, qu’il ne fallait pas jouer à embrasser les filles et qu’on ira en enfer. Et moi il m’faut aller au ciel, moi, et il n’me plaît pas d’embrasser