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comment, et on est tout d’un coup étendu. Les maisons et les arbres ont l’air tout drolle.

Je me relève vite, juste pour attraper une calotte qui enfonce la pointe de mon chapeau.

C’est que le bon nouveau gros paletot doit être tout plaqué de neige par derrière. Et ma tante frotte si fort dans mon dos que je ne sais pas si elle m’essuie ou bien si elle me bat ; je n’ose pas lui demander, pendant qu’elle répète tout le temps pourçai et voleûr.

Sans doute que ma tante Dolphine nous a vu arriver, outre des carreaux de sa fenêtre où il y a des beaux dessins comme des grandes décalcomanies, car elle vient ouvrir la porte pendant que nous faisons encore aller nos pieds de tous les côtés pour faire tomber la neige bas.

Oho, qu’elle dit.

Awet, c’est nos autes ; nos v’nans on po veyi qwoè et comme.

Et ma grand’tante dit encore, en me montrant avec son menton :

C’est qu’i n’ direut nin bonjou, savez ! Est si grossir, dai !

Moi, je l’aurais dit, bonjour, si elle m’avait laissé le temps. Maintenant ça ne vaut plus la peine, et je m’amuse à sauter sur un pied sur toutes les pierres sans jamais toucher les lignes, comme au tahai. C’est difficile, surtout que je ne peux pas tenir mon autre pied dans ma main, à cause du gros paletot qui pend.

Dimorez keu, qu’on v’dit vormint ! Je tâche, à cette heure, de rester tranquille,