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tandis qu’un Musulman et un Infidèle en sont aux mains, un autre Musulman peut accourir, tuer l’Infidèle et acquérir ainsi sa dépouille. En outre, il est indifférent que l’ennemi soit tué dans un combat singulier ou dans la mêlée générale et au milieu des siens.

Quelques docteurs pensent que l’on n’a droit à la dépouille de l’ennemi vaincu et mis hors de combat qu’autant que le Prince y donne son consentement ; mais il en est autrement d’après l’opinion le plus généralement reçue.

Les choses mobilières sont de deux espèces : celles qu’un Musulman peut posséder et celles qu’il ne peut pas posséder. La totalité des choses mobilières de la première espèce, moins toutefois le cinquième et quelques autres choses dont nous parlerons bientôt, appartient à tous ceux qui ont combattu pour la cause de la religion ; mais personne ne peut se rien approprier avant un partage régulier. Des docteurs cependant, ne veulent pas étendre cette défense à l’orge par exemple et à d’autres choses de même nature susceptibles de se perdre si l’on n’en fait promptement usage. Il est aussi permis de consommer les comestibles comme la viande, la graisse, les fruits, le miel, le sirop de raisin, etc. hormis néanmoins le sucre. On peut même tuer un animal bon à manger, mais il faut en rendre la peau, à moins qu’elle ne soit elle-même un aliment. Si l’on a fait de cette peau soit un bonnet, soit des souliers, soit des lanières, on est tenu de rapporter ces objets à la masse du butin et loin d’avoir le droit de rien exiger pour la main d’œuvre, on doit au contraire payer, suivant estimation, pour ce qui peut manquer par suite de la coupe et de la façon. À l’exception des objets que nous venons d’indiquer, il n’est permis à personne de s’attribuer l’usage ou la jouissance d’aucune chose faisant partie du butin. Si l’on se sert, par exemple d’un cheval et qu’on le monte, on est obligé de payer un certain prix pour le loyer. Si l’on a perdu quelque objet, on doit en restituer la valeur. Cependant on peut se servir des vêtemens quand on en manque, mais toutefois avec l’agrément du Prince. On peut aussi se servir des armes, si l’on en a besoin pour combattre ; mais à condition que le combat terminé on les rapportera à la masse du butin.

Les choses mobilières qu’un Musulman ne peut posséder, ne font pas partie du butin et ce sont, par exemple, le vin, les porcs, etc. Pour les porcs, il est absolument interdit de les garder, mais pour le vin, si on le laisse tourner au vinaigre, cela est halâl, c’est-à-dire, licite. Comme on ne doit après la victoire ni renverser les bâtimens des Infidèles, ni arracher les arbres, cela n’étant même permis avant que l’en-