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2° Les actes au contraire qui sont harâm, c’est-à-dire, entièrement interdits, de manière que les faire, c’est pécher.

3° Les actes qui sont sonna, c’est-à-dire, non obligatoires, mais cependant bons et méritoires pour celui qui les fait. Il s’agit ici des actes recommandés par la sonna ou loi traditionnelle.

4° Les actes qui sont mekrouh, c’est-à-dire, qui ne sont nullement interdits, mais dont on fait bien de s’abstenir.

5° Les actes mobâh, c’est-à-dire, simplement permis, de manière que celui qui les fait ne mérite ni blâme ni louange.

Les actes d’obligation absolue pour les Musulmans dans la guerre sainte sont :

1° D’inviter les Infidèles, avant de les combattre, à embrasser la foi musulmane ; à confesser l’unité de Dieu ; et à reconnaître la vérité de la doctrine de Mahomet.

Si un Musulman tue un Infidèle avant que ce dernier ait été invité au nom du Prince ou de son lieutenant, à confesser l’Islamisme, il commet un péché ; mais il n’encourt ni la peine du meurtre, ni l’amende, prix du sang versé. Néanmoins une invitation de cette espèce n’est nécessaire qu’autant que les ennemis n’ont jamais entendu parler de Mahomet et de sa doctrine ;

2° De marcher à la guerre sur l’ordre du Prince, lors même qu’il vous commanderait d’aller vous battre en combat singulier ;

3° D’attaquer l’ennemi le plus proche avant l’ennemi le plus éloigné, à moins que le Prince n’ait conclu une trêve avec le premier, ou que l’ennemi le plus éloigné ne soit plus redoutable que l’autre. Quelques docteurs, pourtant, regardent cet article, comme un précepte de la sonna, c’est-à-dire, comme une chose bonne en soi, mais non d’obligation étroite ;

4° De s’abstenir de faire la guerre tant qu’on est inférieur en forces à l’ennemi.

Quant à ce qui est absolument interdit, c’est :

1° De combattre pendant les mois de moharrem, redjeb, dou’lkaada et dou’lhadja[1] : aussi appelle-t’on ces quatre mois haram, sacrés. Mais cela ne doit être observé qu’à l’égard des peuples qui reconnaissent eux-mêmes la sainteté de ces mois, comme les Persans, les Turcs, les Indiens et les Tartares musulmans. Ainsi l’on peut faire la guerre, même pendant ces mois aux Chrétiens, aux Juifs et aux Idolâtres.

  1. Koran, sur. ix. 2.