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On peut exiger davantage, mais si le Chrétien riche ou pauvre refuse obstinément de donner plus d’un dinâr, les Musulmans sont tenus de le laisser à ce prix vivre en paix sur leur territoire. Cependant les docteurs recommandent de ne pas avertir les Chrétiens que le paiement d’un seul dinâr par année est un tribut suffisant, parceque alors, disent-ils, ils ne voudraient donner que ce qui est rigoureusement exigible ; et aujourd’hui les Musulmans extorquent souvent aux Chrétiens trois dinârs et plus. Toutefois si après être convenu d’acquitter annuellement un tribut de trois dinârs, le Chrétien vient à apprendre qu’il ne pouvait être contraint à en payer plus d’un, il est obligé malgré cela d’exécuter la convention.

2° De ne fonder ni églises, ni établissemens religieux, ni monastères, dans les villes bâties par les Musulmans, comme Bagdad, Coufa, Bassora, etc.

3° De ne pas élever leurs maisons à une hauteur égale ou supérieure à la hauteur des maisons voisines habitées par des Musulmans.

4° De ne pas monter de chevaux. Il est permis de monter des mulets et des ânes, mais seulement en s’asseyant sur la selle à la manière des femmes. L’ordonnance concernant cette prohibition est du khalife Motewakkel et de l’an 239 de l’hégire (854 de J. C.)

5° De faire place et de céder autant que possible le pas aux Musulmans dans les rues embarrassées par la foule.

6° De porter des vêtemens différens de ceux des Musulmans ou de coudre à l’habit à la hauteur des épaules un schi’ar, un signe, c’est-à-dire un morceau d’étoffe grise pour les Chrétiens, jaune pour les Juifs, noire ou rouge pour les Parsis ; en outre de se ceindre les reins d’une ceinture de cuir (en arabe zonnâr) et de se couvrir la tête d’une coiffure particulière. Les femmes doivent aussi se distinguer des Musulmanes par une ceinture de cuir ou un morceau d’étoffe placé d’une manière apparente et par des pantoufles ou des souliers de couleurs diverses, par exemple, un soulier noir et un soulier blanc ou rouge. L’ordonnance relative à ces prescriptions fut rendue par le khalife Motewakkel Billah, fils de Motassem Billah, l’an 235 de l’hégire (850 de J. C.), lorsqu’il disgracia son médecin Baktischoua lequel professait la religion chrétienne. Quelques-uns nient cependant que la disgrâce de ce célèbre médecin ait été la cause de l’ordonnance dont nous parlons, Baktischoua étant resté en faveur jusqu’à l’année 244.