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CHAPITRE TROISIÈME

bien connue, qui avait pu rapprocher de nouveau M. de Radowitz de son souverain

« Que voulez-vous ? me répondit-il, on ne peut pas compter sur ce que fait notre roi : tout en lui est imprévu. »

Le Tzar donna un grand dîner à Péterhof en l’honneur du prince Tchernicheff, ministre de la guerre et président du conseil de l’Empire. Le jour même où s’accomplissait la vingt-cinquième année de son ministère, l’Empereur, suivi de tout son état-major, se rendit chez lui pour le féliciter « Je viens vous remercier, lui dit-il, non pas pour un jour, mais pour vingt-cinq années d’amitié. »

L’Empereur lui fit présent d’un palais qui valait deux millions et d’une rente annuelle de quinze mille roubles, soixante mille francs, pour son entretien. Enfin il compléta ces récompenses vraiment impériales en nommant le jeune fils du prince son aide de camp, quoiqu’il ne fût âgé que de quinze ans, et sa fille, âgée de quatre ans, demoiselle d’honneur de l’Impératrice. Le prince Tchernicheff avait commencé à se faire connaitre en 1812 en emportant de Paris les plans de la campagne d’Allemagne qu’il avait pu obtenir d’un employé du ministère de la guerre, nommé Michel, qui pour ce fait a été fusillé. À la mort de l’empereur Alexandre,