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CHAPITRE DEUXIÈME

étonné que vous en apprissiez la nouvelle par un des plus prochains courriers.

Il n’était pas douteux que l’événement attendu était de plus en plus proche. Il paraît que lorsqu’on engageait à l’avance le Prince Président à exclure du trône les princes de sa famille et à choisir un héritier là où il voudrait, il répondait : « Mais on ne peut faire une omelette avec un seul œuf ! » Notre diplomatie d’ailleurs ne se laissait pas intimider, si j’en juge par une lettre que m’écrivait le 15 octobre M. Thouvenel :


« Paris, le 15 octobre 1852.
Mon cher comte,

Je veux joindre quelques lignes à la lettre ouverte que M. de Castelbajac vous écrit. Je n’ai rien à ajouter à nos dépêches officielles, mais je suis charmé d’avoir une occasion de vous dire que les vôtres sont excellentes. Continuez à observer le curieux pays où vous êtes, et faites-moi de temps à autre part de vos découvertes.

M. de Severines doit être déjà à Saint-Pétersbourg. Je doute qu’on l’y ait appelé pour assister à un congrès. Il ne connaît guère que l’Allemagne, et je doute que son opinion soit d’un grand poids auprès de l’Empereur. Dès l’an dernier, quand j’étais à