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MES SOUVENIRS

Nicolas, un des généraux distingués de l’armée autrichienne.

En voyage, les entretiens ayant plus de franchise et d’abandon que dans un salon, j’avais été facilement à même de connaître les préoccupations et les pensées de ces hommes politiques.

Les gouvernements du Nord avaient peu de sympathie pour la France. Ce qu’on éprouvait à son égard était un mélange de crainte et de défiance. Ces sentiments se trahissaient surtout dans l’appréciation fausse que l’on faisait de sa situation politique ; on ne rendait pas la justice que l’on devait au Président pour tous les services qu’il avait rendus à l’Europe, avant et après le 2 décembre. Pour eux, le gouvernement du Prince ne datait que de neuf mois, et encore ils n’en reconnaissaient les bienfaits que pour la France. On entendait partout le même langage : « Nous admirons sa fermeté, son courage, il a sauvé la France ; maintenant nous verrons comment il agira vis-à-vis de l’Europe ! »

Le peu de justice avec lequel on parlait quelquefois du Président était pénible. On le méconnaissait trop souvent. On n’osait pas se déclarer nettement ennemi de la France, mais on cherchait à amoindrir l’influence de son chef, en dénaturant ses actes. En Allemagne on affectait de ne parler que de l’empe-