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MES SOUVENIRS

intérêt, pour la sécurité et la stabilité même du gouvernement impérial[1].

Comte de Reiset. »

Trois jours après, le 20 février, à un bal intime donné aux Tuileries, l’Empereur s’approcha de moi et tira de sa poche pour me la rendre la lettre de d’Azeglio que je lui avais fait communiquer par le duc de Bassano. Elle est curieuse et m’a bien intéresse ; j’en ai souligné les passages les plus frappants », me dit-il en me la remettant. « Cette lettre aura maintenant un double prix pour moi », lui répondis-je. Nous parlâmes de nouveau de l’Italie, de ma pensée dominante : l’établissement de la confédération italienne, le projet de Henri IV, avec le pape souverain à Rome, et rien que cela, qui est déjà beaucoup. L’Empereur termina l’entretien en me disant : « J’aurai de la patience et de l’énergie. Nous verrons plus tard ce qu’il y aura à faire. »

La princesse Clotilde assistait au bal. Elle était en noir à cause du deuil d’une des archiduchesses de

  1. À cette même époque, Emmanuel d’Azeglio, neveu de Massimo, ministre de Sardaigne à Londres, ayant, sur les instances de M.  de Cavour, exprimé à lord Palmerston le plan de l’unité de l’Italie et sa pleine confiance dans le concours de l’Angleterre pour en arriver à ce résultat, le noble lord lui répondit gravement par cet paroles prophétiques : « La question est de savoir, monsieur, si la France ne craindrait pas ainsi d’avoir à son flanc une seconde Prusse. »