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MES SOUVENIRS

côté à empêcher tout rapprochement des autres États italiens entre eux, à y fomenter la désunion entre gouvernements et gouvernés, de manière à les maintenir continuellement dans sa dépendance par le besoin que ceux-là pourraient à chaque instant avoir d’elle contre ceux-ci.

« Qu’est-il résulté de cette politique ? Le sentiment national italien, méconnu et comprimé qu’il était par l’Autriche et par les gouvernements qu’elle inspirait, s’allia à toutes les autres causes de mécontentement, à tous les ferments de mauvaises passions il descendit dans les sociétés secrètes et engendra cette effroyable propagande qui fait aujourd’hui de l’Italie la terre classique de l’esprit de révolte et d’anarchie, comme elle l’a été autrefois des sciences et des arts. Ensuite, un beau jour, l’un des principaux gouvernements que l’Autriche prétendait de plus en plus river à sa politique en secoua brusquement le joug, et à la faveur de bouleversements extraordinaires en Europe il saisit d’une main hardie et ferme ce drapeau de l’indépendance italienne qu’elle s’était flattée d’avoir abattu à jamais. De ce jour tout espoir de se réconcilier avec l’Italie, tout espoir de ressaisir son ascendant moral a été perdu pour l’Autriche. Il ne lui reste plus d’autre parti à prendre que de s’enfoncer de plus en plus dans la nécessité de l’arbitraire