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MES SOUVENIRS

La demande officielle fut faite par le prince Jérôme, ancien roi de Westphalie. Sa lettre, courte et digne, avait été préparée par le comte Walewski. Elle rappelait que la famille Bonaparte avait toujours été l’amie du Piémont dans les bons et dans les mauvais jours. Suivant l’usage de la correspondance entre souverains, elle se terminait par ces mots : Votre bon frère.

Le prince Jérôme hésitait à accepter cette rédaction. « Je sais bien, dit-il, qu’au ministère des affaires étrangères tous les mots ont été pesés. Cependant puis-je parler comme roi ? Au fond, oui ; quand on l’a été, c’est un caractère indélébile, c’est un titre qu’on ne peut plus perdre. Walewski a raison. » Et il signa.

Le prince Napoléon arriva à Turin, et la nouvelle du mariage se répandit en ville comme l’éclair. On ne voulait d’abord pas y croire, d’autant plus qu’à la cour on n’en soufflait mot. On ne sut que plus tard l’entrevue. Après quelques moments que le Roi passa seul avec le prince, il appela à haute voix : « Clotilde ! » La princesse, qui attendait dans une pièce voisine, se présenta. Elle portait une robe de gaze rouge de Chambéry. « Voici le prince Napoléon, dit Victor-Emmanuel ; voici ma fille. » Puis il frappa sur l’épaule du prince en lui disant : « Maintenant