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MES SOUVENIRS

jesté, une autre princesse de Savoie fut mariée, c’est la cousine de Votre Majesté, la princesse Philiberte… Cette princesse fut-elle plus heureuse que les autres ? Et est-ce son sort que Votre Majesté voudrait réserver à sa fille ? »

Il montrait d’ailleurs toutes les cours catholiques d’Europe fermées à un projet d’alliance avec la maison de Savoie.

« La lutte de Votre Majesté avec l’Autriche, ses relations sympathiques avec la France rendent impossibles des sympathies avec les maisons de Lorraine et de Bourbon. Ces exclusions réduisent le choix de Votre Majesté au Portugal ou à quelque principauté allemande plus ou moins médiatisée. »

À son retour de Plombières, on informa de ce projet sous le sceau du secret Mme de Villamarina, gouvernante des enfants de Victor-Emmanuel, en lui recommandant d’y préparer peu à peu la princesse, — ce qu’elle refusa net, disant que cela était contre sa conscience. Le comte de Cavour lui répondit « Eh bien ! si vous dites un mot, si vous faites la moindre effusion défavorable à ce mariage, ou si vous en parlez à âme qui vive, vous perdrez votre situation sur l’heure. » Comme elle tenait avant tout à ne pas quitter la princesse à laquelle elle était tendrement dévouée, elle promit de garder