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CHAPITRE ONZIÈME

car il rappelle les couleurs de votre drapeau. — Et je lui montrai mon bracelet dont les pierres étaient rouges, vertes et blanches. » Après trois quarts d’heure de causerie, l’Impératrice se leva et alla chercher dans une pièce voisine un écrin contenant une fort belle broche. C’était son portrait entouré de gros diamants avec une longue perle en forme de poire. « J’ai signé à votre contrat de mariage, dit-elle à Blanche ; je veux que vous portiez un bijou qui me rappelle à votre souvenir. » Puis, debout, la regardant bien en face, elle lui dit aimablement : « Je suis certaine à votre mine que vous aurez un gros garçon comme le mien. » Sur ces entrefaites, l’Empereur entra dans la chambre en riant ; il venait d’apprendre par l’ambassadeur d’Angleterre que le Prince impérial avait fait deux dents. Personne ne s’en était aperçu aux Tuileries. Il nous quitta en nous serrant la main, emmenant avec lui l’impératrice dans une chambre voisine pour vérifier si la diplomatie anglaise était mieux renseignée que lui-même sur ce qui se passait dans sa maison.

La prédiction de l’Impératrice se réalisa, et le 14 février 1857 ma femme me donnait un gros garçon. Le soir même, Mme de Sancy se rendit aux Tuileries pour en faire part à l’Impératrice. Elle la trouva avec l’Empereur dans le petit salon, occupée à faire