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MES SOUVENIRS

annonça aux habitants des montagnes la revanche que les royalistes venaient de prendre des événements du mois de mars 1848 qui avaient dépossédé la Prusse. Les montagnards conduits par un colonel fédéral marchèrent promptement sur Neuchâtel, et, après une lutte de courte durée, ils se rendirent de nouveau maîtres de la ville en faisant prisonniers tous les chefs royalistes, qui furent fort maltraités et jetés dans les cachots du château.

Je fus, je crois, le premier étranger qui ait pu parvenir jusqu’à l’un des captifs, mon noble ami comte de Wesdelhen, vieillard plus que sexagénaire, né dans le canton de Neuchâtel, ancien ministre plénipotentiaire, conseiller d’État de la principauté au service de Prusse, marié à la petite-fille d’une princesse de Hohenzollern, femme du comte de Waldburg-Truchsess, ancien ambassadeur de Prusse en Sardaigne. M’étant adressé au magistrat chargé par le conseil fédéral d’instruire ce procès, j’obtins la permission de visiter mon ami dans sa prison, à la condition d’être accompagné par un des officiers de la garnison qui avait ordre de ne pas me perdre de vue et de se tenir toujours assez près de nous pour écouter notre conversation. Je trouvai le comte de Wesdelhen dans une petite cellule ayant pour tout ameublement un grabat, une chaise et une table.