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CHAPITRE DIXIÈME

L’avenir devait prouver quelles puissantes aptitudes politiques elles couvraient. Le lion du jour était le comte Orloff, prodiguant à tous ses sourires. Le monde officiel était en liesse ; comme un des ambassadeurs se plaignait de la fatigue des grands dîners auxquels il était forcé d’assister : « Ce n’est pas à la diète, lui dit une des dames de la cour, c’est à un congrès que vous avez été invité. »

Sur ces entrefaites, l’Impératrice mit au monde un fils. L’accoucheur Dubois logeait aux Tuileries depuis le 1er mars, occupant la chambre donnant sur le jardin que son père avait occupée en 1811 pour la naissance du roi de Rome. La délivrance eut lieu aux premières heures de la matinée du 16 mars, après de longues et cruelles douleurs. On avait dû recourir aux fers, qui avaient laissé des traces sur le front du petit prince. L’Empereur, très ému, venait de se retirer vers sept heures du matin, lorsque le prince Murat accourut lui annoncer la grande nouvelle : Un garçon ! Les salons étaient remplis de monde. Ne pouvant vous embrasser tous, dit l’Empereur, croyez que je le fais bien volontiers dans mon cœur. Son ancien précepteur, M. Vieillard, se jeta à son cou et l’embrassa. « Sire, dit en riant le prince Murat, la naissance du Prince impérial enfonce pour toujours la république de M. Vieil-