Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
CHAPITRE QUATRIÈME

mains honnêtes et fermes n’y mettent pas un frein, ce que nous souhaitons vivement pour notre part.


De cette union sont nés quatre fils les grands-ducs Nicolas, Alexandre, Wladimir et Alexis. L’aîné, le grand-duc Nicolas, était âgé de neuf ans en 1852 ; il avait pour gouverneur le général Zinovief et pour instituteur un Genevois, ancien pasteur et élève du prédicateur Martin de Genève.

Il était à remarquer que l’empereur Nicolas avait préféré pour l’éducation de son petit-fils un pasteur protestant à un prêtre catholique, dans la crainte de l’influence que celui-ci pourrait exercer sur lui. J’avais vu ce jeune prince à la grande revue de Krasnoë-Selo à cheval et en uniforme de hussard ; il avait une charmante tournure et une figure aussi belle qu’intelligente. On trouvait déjà en lui une telle aptitude pour l’étude, une telle facilité d’apprendre que son précepteur, pour ne pas trop fatiguer son esprit avide de savoir, avait été obligé de demander au grand-duc l’autorisation de suspendre ses leçons. Son père, en parlant de lui, disait qu’il savait déjà ce que c’était que l’honneur et distinguer la vérité du mensonge.

On parlait peu de la grande-duchesse héritière ; elle était fort réservée et ne vivait que pour son mari