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CHAPITRE QUATRIÈME

de cette porte, je vois une fenêtre s’entr’ouvrir et paraitre la Tzarewna, aujourd’hui l’impératrice Marie, qui guettait à la fois son fils et les gros nuages, et assistait à ! a faction du jeune prince avec une appréhension toute maternelle. Rien en effet n’était plus drôle et plus charmant que de voir cette petite tête d’enfant sortir de ce grand manteau gris qui traînait à terre, pendant que la pluie tombait à torrents sur le petit factionnaire impérial. Je rentrai pour ma part fort mouillé dans l’appartement de M. de S…, situé dans une maison de bois en dehors du château, où nous nous réchauffâmes au coin du feu, pendant que le petit prince achevait sa première garde.

La Tzarewna fut le sujet de notre conversation : – Elle se tient toujours à l’écart, me disait M. de S… Elle est toujours restée simple, la même qu’à Darmstadt, au milieu de l’éclat de la cour de Russie. Elle a beaucoup d’esprit, elle est très religieuse et très instruite. Lorsque sa santé le lui permet, elle s’occupe principalement de l’éducation de son fils, qui sera, je vous l’assure, un jour un homme de grand mérite.

Malheureusement les espérancs de M. de S… ne devaient pas s’accomplir. On sait que ce pauvre grand-duc Nicolas est mort prématurément à Nice le 24 avril 1865, et que c’est à partir de cette époque