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MES SOUVENIRS

être extirpés que par sa fermeté. Il voulait voir régner dans toutes les administrations de son empire un ordre parfait et une rigoureuse probité, n’ignorant pas que les malversations sont une des principales plaies de la société russe. Il était d’une grande sobriété et d’une simplicité extrême ; cependant il avait le goût du faste et du cérémonial. On le voyait dans la même journée rentrer au palais d’hiver sur le premier drochky qu’il avait rencontré, et, quelques heures après, assister à une grande solennité dont les moindres détails avaient été réglés par lui d’après la plus rigoureuse et la plus ancienne étiquette de la cour de Russie. Dans l’intimité il était avec ses gens d’une grande bonhomie, tout en observant de près leurs actes. Il était sans contredit généreux, mais toujours théâtral dans sa manière de l’être.

En religion Nicolas était comme tous les Russes, dont la croyance est un mélange de foi et d’enfantillage. Il tenait surtout aux observances extérieures, se bornant sous le rapport des pratiques à ce qui était absolument de rigueur. Quant à ses sujets, tout en faisant beaucoup de démonstrations religieuses, ils étaient peut-être le peuple de l’Europe dont la morale était la plus relâchée.

La fermeté et le mépris du danger étaient chez l’empereur Nicolas des qualités naturelles, mais elles