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CHAPITRE TROISIÈME

avait eu pour lui un moment d’affection au début de son mariage, ce moment avait été bien court. Il lui inspirait une véritable terreur ; elle tremblait devant lui ; jamais elle ne parlait de la France, et pendant les Cent-Jours elle ne dit pas un seul mot qui pût faire croire qu’elle désirait retourner auprès de son mari.

La comtesse Mitrouski, plus tard marquise Scarampi, habitait Schoënbrünn où étaient récemment arrivés l’impératrice et son fils, le roi de Rome, qui avait alors pour gouvernante la comtesse de Montesquiou. Celle-ci ayant été soupçonnée de concerter avec son fils Anatole de Montesquiou le projet de reconduire le roi de Rome à Paris fut engagée à donner sa démission. Ce fut le prince Eugène de Beauharnais qui fut chargé de cette commission. On mit à sa disposition un hôtel de Vienne jusqu’à ce qu’elle pût retourner en France, et on lui fit cadeau d’un portrait du jeune prince, entouré de brillants, ayant une valeur de 30,000 francs. L’impératrice vit son éloignement avec plaisir : elle lui savait mauvais gré de son dévouement à l’empereur. Elle avait surtout été piquée de ce qu’un jour, sans l’en avertir, elle avait conduit le jeune prince à la Malmaison auprès de l’impératrice Joséphine qui avait témoigné le désir de le voir et avait obtenu de Napoléon qu’il lui