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CHAPITRE TROISIÈME

duchesse depuis la mort de son beau-père la place de dame d’honneur auprès de la nouvelle reine, mais la duchesse, sincèrement attachée au souvenir de la reine défunte, refusa. Le roi, comprenant ce que signifiait un pareil refus, la pria de se charger du moins de son enfant au berceau, ce qu’elle accepta avec bonheur. Le souvenir des hautes vertus de la reine Christine, celui de sa grande beauté et de la noblesse de sa taille en faisaient l’idole du pays. La nouvelle reine, quoique jolie, était loin de l’égaler ; elle était froide, laissant voir l’ennui que lui causaient les réceptions, ne s’occupant que de son mari et de ses enfants, n’ayant pas les qualités essentielles d’une souveraine. On l’aimait peu, et la mémoire della santa n’en était que plus chérie.

Peu à peu la légende et la superstition s’en mêlèrent. On commença à parler de miracles obtenus par son intercession. Un jour, son fils, le duc de Calabre, qui devait aller à la chasse, refusa au dernier moment de s’y rendre, disant que sa mère lui était apparue et l’avait averti que des assassins étaient apostés pour l’assassiner. On prétendit que ces malfaiteurs avaient été découverts et avaient avoué leur criminel dessein. La cour de Rome introduisit la cause de canonisation. Des personnes de la cour de la feue reine Marie-Thérèse de Modène, veuve de