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CHAPITRE TROISIÈME

apprit qu’à peine les nouveaux mariés étaient-ils restés seuls, le roi de Naples avait dit à sa femme : « Je ne veux pas rester ici au milieu de cette cour étrangère ; venez au Palais ducal où je demeure. » La jeune mariée suivit son époux sans objection ; il la fit monter dans la première chaise à porteur venue et l’escorta à pied avec le seul marquis d’Aix, singulier confident.

Arrivés au Palais ducal, ils ne trouvèrent ni lumière ni feu. Rien n’ayant été préparé, tout manquait. Personne ne pouvant s’attendre à ce retour, il n’y avait même pas un domestique. Le roi ôta son habit, fit faire de même au marquis d’Aix. À eux deux ils firent tant bien que mal les arrangements nécessaires dans la chambre de la nouvelle mariée, en présence de cette malheureuse princesse plus morte que vive. On n’appela aucune femme ; il ne parut qu’un lazzarone, à peine habillé, pour porter de l’eau. Quand le roi Charles-Albert apprit cette équipée, aussi inconvenante que déplacée, il devint furieux, mais n’oubliant pas que le roi de Naples était son hôte, il se tut. Toute la journée du lendemain se passa sans qu’on eût aucune nouvelle des nouveaux mariés. Le roi Charles-Albert trouva qu’ils avaient gravement manqué d’égards envers la reine en ne venant pas la saluer, et il lui défendit de faire