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MES SOUVENIRS

prince qui l’épousa, quoique à cette époque, très maigre et trop brune, elle fût loin d’avoir la beauté qui la distingua plus tard. Le vice-roi Renier et la vice-reine se rendirent à Turin pour la cérémonie.

Le prince Félix de Schwarzenberg, ambassadeur d’Autriche, donna un grand bal à cette occasion au palais Saint-Marsan. La vice-reine, qui faisait les honneurs avec son mari, descendit l’escalier pour recevoir le roi Charles-Albert et la reine Marie-Thérèse. La vice-reine était en robe de bal décolletée ; le marquis d’Adda, perdant toute mesure, s’approcha d’elle vivement et croisa un châle sur ses épaules pour la préserver du froid, lui disant d’un ton de mauvaise humeur : « Vous savez que je vous l’avais défendu. » Ces paroles furent prononcées assez haut pour être entendues de l’archiduc Renier et de Charles-Albert. On remarqua que le marquis d’Adda ne parut plus à aucune des fêtes de la cour.

La fille aînée de l’archiduc Renier avait été fiancée au prince Eugène de Carignan. Elle mourut subitement à Vienne avant le mariage, pendant qu’elle faisait sa toilette pour se rendre à un concert où sa mère avait exigé qu’elle parût, regardant la souffrance dont se plaignait sa fille comme un effet de son imagination. À la nouvelle de cette mort si brusque, le prince Eugène de Carignan donna des