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MES SOUVENIRS

était allé rendre visite à son beau-père Ferdinand Ier, l’ordre du Saint-Janvier, et à la suite des événements de 1830, il l’avait nommé gouverneur de la Savoie, berceau de sa famille. On y redoutait alors une invasion de révolutionnaires français. Sous la direction occulte du prince de la Cisterne une troupe de mille cinq cents hommes environ s’était formée à Lyon. Le mouvement n’aboutit pas : « Je ne pus en cette occasion, écrivit le prince de Carignan, que montrer de la bonne volonté, car ces bandes de révolutionnaires ne se décidèrent pas à franchir la frontière. »

Malgré les adoucissements apportés à la situation du prince de Carignan à la cour, il ne porta jusqu’à son avènement au trône que le titre d’Altesse sérénissime, à l’exemple de ce qui s’était passé en France pour le duc d’Orléans pendant tout le règne de Louis XVIII. Charles-Félix avait toujours refusé de lui accorder le titre d’Altesse royale : « On est né Altesse royale, disait-il ; on ne le devient pas. » À l’époque de son mariage avec Marie-Thérèse de Toscane, il fut décidé qu’à la cour cette princesse porterait le titre d’Altesse royale et non d’Altesse impériale, quoiqu’elle fût archiduchesse d’Autriche, ce qui lui eût donné le pas sur les filles du roi Victor-Emmanuel Ier. Lorsqu’elle sortait en voiture avec son mari elle prenait la place de droite, la voiture