Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
CHAPITRE DEUXIÈME

Truchsess[1], ministre de Prusse à Turin, qui exerçait sur le roi Charles-Félix et sur ses collègues du corps diplomatique une grande et bonne influence.

L’ordre de succession ne fut pas modifié, mais le prince de Carignan dut donner des gages ; afin de se réhabiliter dans l’opinion des souverains de l’Europe,

  1. Les Waldburg-Truchsess sont une des plus anciennes et des plus illustres familles d’Allemagne. Conradin de Hohenstauffen avait pour écuyer un Waldburg-Truchsess, lorsqu’en 1266 il alla périr à Naples avec Frédéric d’Autriche. Tous ses partisans l’avaient abandonné ; Frédéric de Waldburg-Trachsess seul lui était resté fidèle. En montant sur l’échafaud Conradin remit à son écuyer sa bague sur laquelle étaient gravées des armoiries : « L’ancienne et puissante Maison de Souabe, lui dit-il, va s’éteindre en ma personne ; que vous et vos descendants en perpétuent les armes, comme souvenir de l’amitié et de la reconnaissance que je vous porte pour avoir affronté mille morts afin de me rester fidèle jusqu’à ce moment. » L’empereur confirma cette concession et depuis cette époque les Waldburg-Truchsess, devenus comtes, puis princes, ont toujours porté les armes des anciens ducs de Souabe.

    Très puissants en Souabe, les Waldburg-Truchsess avaient fini par étendre au quinzième siècle leur domination sur presque tout le Vorarlberg qui appartenait aux comtes de Tyrol. Le comte Sigismond avait emprunté des sommes considérables à Éberhard Ier de Waldburg et il lui avait engagé une grande partie de ses domaines. La guerre ne tarda pas à éclater entre eux. Le comte Sigismond de Tyrol commença en 1473 le siège du château de Sonnenberg, la plus importante forteresse des Waldburg dans le Vorarlberg. Ce siège qui dura plus d’un an se termina par un traité et Sigismond dut acheter 34,000 florins la place d’armes de Sonnenberg qui assurait la domination d’Éberhard de Waldburg dans tout le pays. Il s’était emparé d’une autre forteresse commandant l’entrée des vallées de Montavon et de Brandt, le burg de Rosenegg, dont les ruines existent encore en face de Bludenz. Le fief de Rosenegg, devenu propriété des comtes de Tyrol, puis des empereurs d’Autriche, a été donné par l’empereur Charles VI à Franz-Joseph de Gilm, gouverneur de Bludenz, avec l’obligation d’en porter le nom.