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CHAPITRE DEUXIÈME

à l’écart. Le roi Victor-Emmanuel avait refusé de recevoir même une lettre de lui. Il n’en était pas moins héritier de la couronne. Charles-Félix, d’une très faible santé, n’ayant aucune habitude du travail, pouvait disparaître d’un moment à l’autre. « On ne peut pas, écrivait le marquis de la Tour du Pin au baron Pasquier le 10 décembre 1821, si jeune encore, être pourvu d’une réputation pire que celle du prince de Carignan. L’expression ne sera pas trop forte si je dis qu’il est dans le royaume en horreur à tous les partis, les royalistes par le sentiment très naturel que leur a inspiré sa conduite, les révolutionnaires par l’abandon qu’ils trouvent qu’il a fait de leur cause, et les tièdes font concert avec les uns et les autres par la crainte de ne pas paraître partager la haine du roi pour lui. »

Il y avait certainement excès de sévérité dans cette réprobation unanime dont le marquis de la Tour du Pin était alors le témoin. La véritable physionomie de Charles-Albert a été tracée par le marquis Costa de Beauregard[1] dans les beaux livres qu’il a consacrés à l’histoire des époques les plus émouvantes de la vie de ce souverain :

« Pour ses familiers mêmes, Charles-Albert de-

  1. Mis Costa de Beauregard, Charles-Albert.