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CHAPITRE DEUXIÈME

tor-Emmanuel, fut nommé lieutenant général du royaume avec les pouvoirs les plus étendus, — la clause de l’alter ego. Il s’était toujours montré opposé à toute concession. Il revenait du congrès de Laybach et du duché de Modène où résidait Charles-Félix. Il avait par conséquent une parfaite connaissance des vues et des intentions des souverains.

On annonçait l’occupation du Piémont par vingt-cinq mille Autrichiens qui devaient fournir à Turin une garnison de cinq mille hommes pour lesquels des logements étaient préparés. Le caractère du comte de Revel, entêté, dur et passionné, inspirait les craintes les plus vives. Il constituait à lui seul tout le gouvernement. À l’ambassadeur de France qui lui disait : « Vous serez notre ministre des Affaires étrangères, » il répondit : « Oh ! de département, jamais. » Il donna les Finances à M. de Brignole, l’Intérieur à M. Cholex, son ancien intendant général en Sardaigne. Les Affaires étrangères et la Guerre furent confiées à de simples secrétaires, sans nomination de ministres. Le général Latour reçut, comme récompense, le grand cordon de l’Annonciade, mais il dut retourner à son gouvernement de Novare.

Des démarches furent tentées près du roi Victor-Emmanuel pour le faire revenir sur son abdication : elles furent inutiles. Il la réitéra le 19 avril, disant