Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
MES SOUVENIRS

la place de Turin avec les carabiniers royaux. Comme la place était pleine de monde, il y eut soixante blessés, tant militaires que bourgeois, et six ou huit tués.

Loin de se décourager, les troupes révoltées cherchaient à pratiquer des intelligences dans la petite armée royale de Novare qu’elles comptaient amener à elles. Le 8 avril, à la pointe du jour, cinq mille hommes de toutes armes s’avancèrent assez près des murs de Novare pour solliciter les troupes royales à la défection. Ils ignoraient que dans la nuit un régiment autrichien et un bataillon de Tyroliens avaient passé le Tessin et s’étaient portés sur Novare. Ils virent marcher à leur rencontre un régiment d’infanterie piémontaise, escorté de hulans. Les rebelles placés sur la chaussée avaient leur cavalerie en tête. Au premier mouvement que firent deux cents uhlans pour la charger, cette cavalerie fut prise de panique et s’enfuit à toute bride, écrasant sur sa route une douzaine de soldats d’infanterie de son parti. Les chefs de cette troupe étaient les principaux artisans de la révolte, — le marquis de Curaglio, le colonel de Saint-Michel, M.  de Lisio, M.  de Colegno qui avait provoqué la défection du corps de l’artillerie. Dans cette honteuse déroute ils firent d’une traite 20 lieues sans s’arrêter, abandonnant leurs soldats