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CHAPITRE DEUXIÈME

il ne faut d’autre sang que le sien. Mais la France peut nous rendre des services de plus d’un genre. »

La réponse du nouveau roi Charles-Félix à la nouvelle de l’abdication de son frère fut comme une douche d’eau glacée pour cette exaltation des esprits. Il déclarait accepter la couronne à la condition qu’il lui fût suffisamment prouvé que l’abdication de Victor-Emmanuel Ier avait été libre et volontaire ; en vertu de ses pouvoirs royaux, il annulait tout ce qui avait été fait, en rendait toutes les autorités responsables, les chargeant de faire rentrer ses sujets dans le devoir. Il nommait en même temps le général Latour, commandant à Novare, généralissime de ses troupes. Le prince de Carignan fit partir immédiatement sa femme et son fils, puis il se déroba dans la nuit à la surveillance dont il était l’objet ; il se rendit à Novare, laissant une proclamation par laquelle il annonçait qu’en vertu des ordres du roi il cessait ses fonctions de régent et qu’il allait se placer sous les ordres du général Latour.

Les révoltés, avertis de sa défection, formèrent le projet de l’assassiner. La comtesse Masin de Montebello ayant appris le complot se hâta d’aller la nuit chez le comte de Sonnaz, écuyer du prince, pour l’en prévenir. Celui-ci réveillé en sursaut ne voulut pas la croire et la renvoya. Elle se rendit alors au palais