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CHAPITRE DEUXIÈME

était pas moins des plus difficiles vis-à-vis du nouveau roi qui se trouvait à Modène sous la main des Autrichiens. Dans un entretien qu’il eut avec l’ambassadeur de France, il lui dit : « Il n’y a pas deux heures que j’ai dû céder aux instances du Roi, à la nécessité de conjurer les malheurs qui menacent le royaume ; je n’ai pas encore une seule idée, un seul projet formé. Ce que je puis vous dire, c’est que je vais opposer la constitution de France à celle d’Espagne qu’on demande à grands cris, vous le savez. Je ferai tout ce qui dépendra de moi pour la faire prévaloir. J’espère que vous me rendrez justice auprès de votre gouvernement et que ma conduite vous aura paru loyale et pure. Vous sentez aisément le prix qu’aurait pour moi l’intérêt de la France. »

La journée du 13 mars fut tumultueuse à Turin. Il s’agissait d’obtenir la constitution des Cortez et l’adoption de la cocarde tricolore italienne. Le prince de Carignan, fatigué physiquement, ne sut et ne put rien diriger ; sous la menace du bombardement de la ville par les troupes insurgées qui avaient la mèche allumée près des mortiers de la citadelle, il accepta la constitution espagnole, mais il parvint à conserver la cocarde piémontaise. Le marquis de Rhodes et le marquis d’Azeglio, hommes graves, respectés, haranguèrent les soldats, aidant puissamment le