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MES SOUVENIRS

C’est en son honneur qu’avait été donnée au château royal de Stupinis une fête champêtre à laquelle avaient été invités, au grand mécontentement du roi de Naples, les principaux réfugiés italiens en résidence à Turin. J’assistai à cette fête.

Pendant les fiançailles, la princesse Élisabeth avait questionné son fiancé sur « Mme P… ». Il lui répondit qu’elle n’était pour lui qu’une amie, et il l’avertit que son mariage ne changerait pas cette grande affection qui n’avait rien de répréhensible. En effet le prince, tout en étant très aimable et prévenant pour sa femme, continua ses visites journalières chez Mme P…, que la duchesse recevait chez elle avec beaucoup de bonté. Tout le monde blâmait de pareilles relations, cette dame étant pour le moins une très grande intrigante et n’ayant rien par sa naissance et par ses manières qui justifiât de si hautes relations. La duchesse de Gênes très simple et très bonne, élevée à Dresde comme dans un couvent, ne connaissait du monde que ce que le prince lui en disait. La reine mère fit bien à ses enfants de très judicieuses observations sur les inconvénients de façons aussi relâchées : cela n’aboutit qu’à les faire se cacher d’elle, ils s’amusaient à lui faire des secrets de tout. Le prince trouvait sa femme agréable et aimable et ils faisaient fort bon ménage, sans grande