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MES SOUVENIRS

Il se produisit un curieux incident au sujet de la rédaction de la réponse au discours de la couronne. L’assemblée s’en était remise à son président du soin de nommer le rédacteur. Le choix de M. Pinelli était tombé sur le chevalier Buoncompagni qui s’était hâté de faire ce travail. Le projet de réponse qu’il proposa ne plut pas à la Chambre. Il souleva de nombreuses objections et fut attaqué surtout par M. Brofferio.

Le président, piqué de l’accueil fait à l’œuvre du rédacteur qu’il avait choisi, s’écria : « Mais puisque vous n’êtes pas contents, nommez vous-mêmes tel rédacteur que vous voudrez. » Puis, se tournant vers M. Brofferio, il ajouta : « Si le projet de M. Buoncompagni ne vous parait pas acceptable, tâchez d’y suppléer vous-même. » Cette boutade fut prise au sérieux, et le chef de l’extrême gauche, le fondateur du journal la Voix dans le désert, le fougueux orateur républicain, se trouva chargé de rédiger la réponse au discours de la couronne. Ce n’était nullement, comme on aurait pu le croire, un témoignage d’adhésion aux idées de M. Brofferio. La Chambre était tout à fait monarchiste et constitutionnelle. Elle écoutait volontiers M. Brofferio, elle l’applaudissait même parfois, mais c’était uniquement un hommage rendu à son talent et nullement une approbation de ses principes.