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CHAPITRE TREIZIÈME

alla également le saluer. On négociait alors un traité de navigation et de commerce entre la France et le Piémont. À la fin d’octobre 1850, je fus envoyé à Paris pour hâter l’acceptation du traité. Arrivé à Chambéry où j’avais retenu le coupé de la diligence, je rencontrai le supérieur de la Chartreuse du Reposoir d’Annecy qui se rendait à la Grande Chartreuse pour y visiter son supérieur général. Je lui offris de partager mon coupé : il m’en remercia vivement sans savoir ni mon nom ni ma qualité. En causant il me donna d’intéressants détails sur la célèbre liqueur et sur l’élixir qui se fabriquent à la Grande Chartreuse. Il se plaignit vivement de l’élévation des droits d’entrée dans les États sardes. Comme en me quittant il exprimait le désir de savoir qui j’étais, je lui répondis : Rappelez-vous que je m’appelle la Providence. J’avais pris note de ses observations et j’en tins compte pendant mon séjour à Paris. Mon absence ne dura que dix jours. Je fus reçu à l’Élysée avec beaucoup d’amabilité par le prince président. Il me dit que mes chefs avaient tous été très satisfaits de moi. Je lui répondis en souriant que cette satisfaction n’avait pas toujours été très réciproque, et lui-même se mit à rire en me serrant la main.

Je vis le général de La Hitte au ministère des affaires étrangères.