Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
385
CHAPITRE TREIZIÈME

tait que quelques représentants, MM. d’Aviernoz et Costa de Beauregard. L’aristocratie piémontaise avait vu avec déplaisir les idées d’innovation s’introduire dans la monarchie sarde et le roi Charles-Albert donner le Statuto. Cette aristocratie, presque toute militaire, avait fidèlement servi le roi sur le champ de bataille, mais par esprit de devoir, par honneur militaire seulement. Tout en combattant bravement elle était hostile à la cause qu’elle servait : après la guerre, de retour dans ses terres, elle s’était réfugiée dans l’abstention.

Les principaux personnages de la majorité ministérielle étaient le comte Balbo, le général Dabormida, MM. Boncompagni, de Marchi, Menabrea, plus tard ministre d’Italie à Paris, M. Pinelli qui fut élu président, et enfin celui qui devait les éclipser tous, le comte Camille de Cavour. Personne ne se doutait alors que la revanche de l’Italie, que son avenir étaient attachés à cet homme replet, en longue redingote, portant lunettes, aux joues pleines et fleuries, à la démarche simple, à l’allure bourgeoise qui entrait au palais Carignan, pour y occuper son siège de député, en souriant et en se frottant comme d’habitude convulsivement les mains ; c’était là un de ses tics.

Il fut appelé à faire partie du ministère dans des circonstances très émouvantes. Dès 1847, avant la