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CHAPITRE TREIZIÈME

nuel lui donna à son départ un témoignage éclatant de sa reconnaissance en lui remettant lui-même les insignes de la grand-croix de son ordre des Saints Maurice et Lazare.

Mes rapports ne furent pas les mêmes avec son successeur, le prince Murat, qui n’avait rien d’un diplomate. Il avait amené avec lui un aide de camp, M. Biadelli, sous-lieutenant au 6e léger. Il avait été colonel de la garde nationale, ce qui lui avait donné la pensée de se faire accompagner par un officier d’ordonnance. Son désir de monter sur le trône de son père à Naples perçait malgré lui à travers ses brusqueries de langage. Malgré tous les avis venus de Paris, il se mettait imprudemment en rapport avec tous les anciens serviteurs du roi Murat. Il n’avait pas étudié les grandes questions qui passionnaient alors l’Europe, ne se préoccupant que de son intérêt personnel du moment.

Il ne tarda pas à se brouiller avec tous les membres du corps diplomatique, notamment avec le comte Rodolphe Appony, ministre d’Autriche, et le comte de Redern, ministre de Prusse, tandis qu’il se liait étroitement avec le secrétaire de la légation espagnole, M. de Ligués. Enfin, il parait que sa présence à Turin, aux yeux du prince-président et de ses ministres, avait aussi d’autres inconvénients, car il fut