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CHAPITRE DOUZIÈME

impossible d’intéresser les nations étrangères aux questions morales qui se rattachent à un passé qu’elles ne peuvent approuver. La France s’intéresse vivement à la question d’amnistie, mais tout en invitant l’Autriche à l’accorder, elle ne peut y attacher la même importance que s’il s’agissait d’une menace faite au Piémont par l’Autriche. Il s’agit d’une condition que vous imposez à l’Autriche, tandis que la France a toujours réservé ses bienveillantes intentions pour le cas où votre indépendance serait menacée, et elle s’est abstenue toutes les fois que vous avez voulu foire valoir des prétentions qu’elle n’approuvait pas. C’est ce que je n’ai jamais pu persuader à vos prédécesseurs qui ont toujours cru que, puisque la France leur montrait de la bienveillance dans un cas, ils l’entraîneraient dans tous les autres. Vous savez trop bien ce qui en est résulté pour suivre leur exemple. Quand on a besoin de l’aide d’un pays, la première nécessité est de connaître dans quel esprit et dans quelles limites il peut et veut l’accorder, et toutes les récriminations du monde après ne feront pas qu’il fasse cette concession avant.

« Pour moi, ce que j’ai toujours voulu faire comprendre à votre gouvernement s’est constamment résumé en ceci : que l’action de la France ne s’appliquerait jamais aux prétentions du Piémont envers