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CHAPITRE DOUZIÈME

ceux qui les ont entraînées à de pareilles extrémités. Leurs gouvernements mêmes les abandonnent quand ils s’aperçoivent qu’ils ont sacrifié l’avenir au présent.

« Dans tous les cas l’histoire se charge de juger leur conduite si leurs remords ne l’ont pas expiée. Mon âge me permet de vous rappeler ces principes qui ont dicté ma conduite pendant quarante ans d’une vie qui, grâce à ce que je les ai eus toujours devant les yeux, a été exempte de taches. Mais, lors même que l’on passerait par-dessus ces considérations, il n’est pas si facile que vous le pensez d’écraser le Piémont. On a fait la faute d’aller chercher votre armée et de s’exposer à découvert à ses coups, mais on ne le ferait plus. Le Piémont possède des places imprenables, des positions inexpugnables ; il les occuperait et vous laisserait envahir le pays où vous ne trouveriez pas l’argent qu’on vous offre et qu’on emploierait à se défendre contre vous. Nous appellerions la France à notre secours (ici M. de Brück se mit à sourire ironiquement), sinon pour faire la guerre, du moins pour occuper des positions qui laisseraient notre armée disponible et seraient une garantie que le Piémont ne pourrait être conquis. Enfin nous avons une flotte, nous pouvons nous en servir impunément dans l’Adriatique et brûler Trieste pendant