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MES SOUVENIRS

et je ne me laisserai pas imposer, comme mon père, une volonté contraire aux intérêts du pays. »

Le grand cordon de la Légion d’honneur fut également remis au duc de Gênes qui en parut très reconnaissant. En réponse à l’acte de courtoisie du gouvernement français, Victor-Emmanuel envoya à Paris un de mes amis, le marquis de Saint-Marsan, officier d’ordonnance du duc de Gênes, jeune officier fort distingué, qui avait combattu comme volontaire en Algérie avec nos troupes, avec mission de porter le collier de l’Annonciade au prince président.

Pour hâter la conclusion de la paix, M. d’Azeglio avait envoyé à Milan, comme troisième plénipotentiaire, le comte de Pralormo, ancien ministre de Sardaigne à Vienne, diplomate des plus respectables. À propos d’une question secondaire, une discussion très vive s’engagea entre lui et le plénipotentiaire autrichien, M. de Brück. Il s’agissait de la restitution du parc de siège de Peschiera, conservé par les Autrichiens en violation de l’armistice d’août 1848 et employé par eux au siège de Venise.

M. de Brück se leva avec fureur et se promenant à travers la chambre il s’écria : « Quoi ! rendre ce parc qu’on a retenu à bon droit, en représailles de ce que cette infâme flotte sarde est restée malgré l’armistice deux mois devant Trieste et Venise ! Mais