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CHAPITRE DOUZIÈME

institutions, » et cependant on sait à quel point le principe révolutionnaire pouvait être menaçant pour les Bourbons que l’étranger avait ramenés aux Tuileries. Mais ce vieillard écoutait plus la voix de son patriotisme que celle de ses propres opinions, et il avait le courage de dire alors que la haine de l’Autriche était le ferment le plus réel des révolutions en Italie.

« Vous ne trouverez donc pas étonnant, ajoutait M. de Bois-le-Comte, que je soutienne la même thèse, mais j’ai l’avantage de la faire valoir auprès d’un pouvoir qui ne doit pas son origine à l’étranger et dont le patriotisme ne peut être mis en question, ni dans son origine, ni dans la personne de ceux qui le composent. »

M. de Bois-le-Comte était trouvé trop italien. Aussi terminait-il une de ses dépêches par cette déclaration remplie de dignité et de noblesse :

« Votre agent en Piémont peut être un maladroit. Ce n’est pas à lui à s’en rendre compte, et vous pouvez le changer si vous avez de lui cette opinion ; mais il est honnête homme et il l’a été toute sa vie. Si le gouvernement en doute, il doit le lui dire, car l’honneur lui est plus cher que son emploi, et il ne le conserverait pas en présence d’une pareille opinion, s’il croyait qu’on l’a de lui. »