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CHAPITRE DOUZIÈME

pays de quatre millions cinq cent mille âmes, n’ayant d’autre industrie que son agriculture, était dans l’impossibilité de supporter de pareilles charges. Sa dette ancienne s’élevait à 131 millions ; elle avait été portée par les emprunts de guerre à 291 millions. L’indemnité réclamée par l’Autriche l’aurait élevée à 550 millions : elle se serait ainsi quadruplée en une seule année.

La reprise des hostilités parut un instant imminente. Le ministre autrichien, M. de Brück, ancien négociant de Trieste, se montrait intraitable. Le gouvernement sarde réclama la protection de la France et de l’Angleterre — ce qui accrut encore le mêcontentement de l’Autriche. C’est à ce moment que Victor-Emmanuel appela à Turin le chevalier Massimo d’Azeglio et lui donna la succession du général de Launay. Le roi m’en fit part par un billet cacheté à ses armes avec la devise : Plus être que paraître.


Turin, T mai 1849.
« Mon cher Reiset,

« Ayant parlé il y a quelques jours à M. de Bois-le-Comte et lui ayant dit que M. d’Azeglio n’était pas appelé pour le moment à la présidence du ministère, d’après les interrogations qu’il me fit, contant moi-même y appeler M. de Costa ; les