Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
CHAPITRE DOUZIÈME

son ministère à maintenir la nomination de M. de Revel et le choix qu’ils avaient fait de M. de Ricci. « En cédant à leurs désirs, dit-il, je leur ai prédit ce qui arriverait. Je ne suis pas effrayé de la nécessité de faire occuper Alexandrie par les Autrichiens : je retiendrai mes ministres s’ils veulent se retirer. Il faut bien qu’ils restent ; la situation est encore plus difficile pour moi que pour eux, et certes rien ne me fera abandonner la partie tant que je croirai pouvoir faire quelque bien à mon pays. Il ne s’agit pas de peser le pour et le contre comme des avocats. Il faut se décider promptement. Pour moi j’ai rempli mon devoir en ce qui concerne la guerre, quoique je susse parfaitement ce qui en adviendrait ; mais aujourd’hui la paix est nécessaire et je la ferai malgré les peureux et les agitateurs. Ce qui s’est passé dans les dernières années du règne de mon père est une leçon pour moi, et j’en profiterai, Personne ne connaît mieux que moi l’histoire de cette époque ; j’avais la certitude que je serais appelé à réparer un jour les maux dont j’étais témoin, et je les ai enregistrés avec un tel soin que je pourrais en rédiger un curieux récit, mais il servira au moins à mon instruction personnelle. Un parti trompait le roi, et le roi trompait tout le monde ; mais moi, je suivrai un régime de vérité et je ferai appel à la nation en