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CHAPITRE ONZIÈME

tune, épargné par la mort qu’il avait vainement cherchée au milieu de la mitraille autrichienne, le roi, triste, mais calme, rentrait à huit heures du soir au palais Bellini, à Novare. Il semblait souffrir de la fraîcheur du soir, et il dit au jeune officier d’ordonnance qui l’aidait à descendre de cheval : « La soirée est bien fraîche. — Oui, sire, répondit le comte de Giavesana, mais la journée a été bien chaude. » Le roi sourit en lui donnant quelques éloges sur le courage qu’il avait montré dans le combat. À neuf heures le roi fit appeler les ducs de Savoie et de Gênes, le général en chef, le ministre Gadorna, les lieutenants généraux et commandants de division présents à Novare.

« Le bruit de son abdication s’était répandu et lorsque le roi entra dans la salle où le conseil était réuni l’émotion des assistants lui prouva qu’ils avaient pénétré son secret. Le roi s’avança avec dignité et, d’une voix ferme et calme, leur dit :

« Messieurs, la fortune a trahi notre courage et nos espérances. Notre armée est dissoute : il serait impossible de prolonger la lutte : ma tâche est accomplie et je crois rendre à mon pays un important service, lui donner une dernière preuve de dévouement en abdiquant la couronne en faveur de mon fils, Victor-Emmanuel, duc de Savoie. Il ob-