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CHAPITRE ONZIÈME

tant en force et voyant qu’on ne se disposait pas à les réprimer se livrèrent au pillage et à la violence, incendiant même quelques maisons. Les boutiques des orfèvres et des autres marchands furent saccagées. Les prières, les menaces, les coups de sabre des officiers étant inutiles, quelques pelotons de cavalerie reçurent ordre de charger dans les rues cette horde de furieux et d’insensés. Un nouveau combat commença dans la ville pendant que le canon de la place tirait encore sur l’ennemi ; les lanciers perçaient de leurs lances les fantassins qui ripostaient à coups de fusil, le tout dans des rues étroites, sous la pluie, les blessés périssant sous les pieds des chevaux lancés au galop. Pendant ces scènes horribles, dans la plaine quelques corps en mouvement régulier, quelques pelotons réunis pêle-mêle par des officiers qui ne pouvaient se résigner à la défaite, quelques valeureux soldats isolés, ayant perdu toute espérance, mais cherchant une mort honorable et ignorée de tout le monde, prolongèrent le combat jusqu’à neuf heures, c’est-à-dire pendant près de trois heures de nuit, alors que la défaite était certaine depuis la perte de la Bicocca.

Le général Perrone[1] fut frappé au front d’un

  1. Le général Hector Perrone avait servi sous Napoléon dans les