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MES SOUVENIRS

était défendue avec acharnement. Les Autrichiens l’enlevèrent un instant. Le général Trotti, avec un bataillon, y entra de force pour la dernière fois et y fit de nombreux prisonniers. Mais la gauche de l’armée avait faibli, le centre se retirait, l’ordre de retraite fut envoyé à la droite. À cinq heures et demie la Bicocca, théâtre de combats si acharnés, dut être abandonnée. En vain le duc de Gênes, qui avait reçu plusieurs blessures et qui avait eu deux chevaux tués et un blessé, se mit à la tête de trois bataillons pour reprendre cette position : il ne put rétablir le combat.

La défaite était désormais certaine, irréparable. L’artillerie se retirait en masse, et, abandonnée par son escorte, elle devait prendre le galop. Une longue colonne de fuyards et de blessés, mélangée d’affûts, de caissons et de chevaux, entra dans Novare par la porte de Mortara. Sa vue augmenta le découragement et le désordre. Le tumulte et la confusion étaient au comble. Des officiers et des soldats, irrités par la catastrophe, des blessés gémissant et broyés sous les roues des voitures d’artillerie qui couraient avec fureur, des bandes armées, mourant de faim et n’ayant aucune direction, des soldats se livrant aux derniers excès, tel était le spectacle qu’offrait la ville de Novare à la fin de cette terrible journée. Les vivres manquaient. Une foule de séditieux se sen-