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MES SOUVENIRS

cement avec beaucoup de courage. Le 1er régiment s’avança jusqu’à la cascine Savinelli, s’emparant de quelques hauteurs sur ce terrain irrégulier, coupé de fossés et chantant sous le feu ennemi la Marseillaise, entrecoupée de cris de : Vive le roi ! Singulier contraste de sentiments, de paroles et de faits : n’étant pas Italiens, n’approuvant pas une guerre qu’ils jugeaient contraire à leurs intérêts, chantant un hymne républicain, ils se battaient pour un roi auquel ils étaient attachés, mais dont ils ne partageaient pas les opinions, et pour une cause dont les défenseurs naturels se tenaient pour la plupart à l’abri du danger. Beaucoup d’officiers et de soldats de cette brigade se signalèrent par leur valeur. Ils firent deux cents prisonniers qui se trouvèrent être presque tous Hongrois ou Italiens. Leur stupéfaction fut extrême : on nous dit que ce sont là nos amis, nos frères, et cependant les Autrichiens eux-mêmes ne se battent pas contre nous avec plus d’acharnement qu’ils ne le font.

Le 16e régiment (2e de la brigade de Savoie) qui s’était aguerri pendant la campagne précédente résistait avec beaucoup d’opiniâtreté. Un de ses bataillons qui avait commencé à se battre avant midi tenait encore sa position à quatre heures sous une pluie de mitraille. Trois fois cette brigade reprit à la baïon-